17 mars 2020 DIMANCHE MATIN
Partagée entre joie de pouvoir continuer à ouvrir et angoisse face à ce virus inconnu
Partagée entre faire son métier de commerçant et mettre en place et faire respecter les gestes barrières (mesures sanitaires)
Partagée entre l’injustice d’exercer son métier par dérogation et d’autres fermés par décision administrative
Bref de l’angoisse, de l’incertitude face à demain, face à cet ennemi invisible
Après ce dimanche matin, pas comme les autres et les différentes recommandations de nos chambres syndicale nationale et départementale, je fais le choix de n’ouvrir ma boutique à la clientèle que le matin du mardi au samedi inclus.
Je navigue dans le flou : comment va se comporter la clientèle, dans quel état d’esprit va t-elle être, va t-elle continuer à fréquenter mon commerce? Est ce que je vais arriver à payer mes charges fixes?
Comment je me protège, comment je les protège.
Bref beaucoup d’incertitude, que des questions et un système de débrouille se met en place.
Un élan de solidarité
un artisan me propose des masques de chantier
une couturière me fait deux masques en tissu
un client me donne quelques masques jetables pour me dépanner
la mairie me donne un flacon de gel hydroalcoolique (reste des élections)
un client me fabrique une visière avec une imprimante 3D
J’achète des gants à l’épicerie (très réactif dans son approvisionnement)
et oui c’est grâce à tous ces gestes que se met en place progressivement la mise en sécurité de Moi Même et des clients
MERCI A TOUS (ils ou elles se reconnaitront )
une fois cette logistique installée, la phase de la pédagogie arrive : pourquoi, comment, que faire?
L’objectif : RASSURER, EN PARLER, ROMPRE L’ISOLEMENT
et pour moi essayer de garder le sourire. Je vous l’avoue en tout humilité, cela n’a pas été simple sur la première quinzaine. Le mode projet qui m’anime, s’interrompt. Je vis au jour le jour.
Après la routine du confinement s’installe, pas confortable mais « on fait avec »
on ne se plaint pas « on est ouvert et on gagne sa croûte »
La course à l’approvisionnement commence, les délais s’allongent, les livraisons sur site supprimées. Obligée d’aller chercher de la marchandise et quelque fois sans succès faute de stock suffisant.
Prise de conscience que la réouverture ne pourra effectivement se faire que lorsque les approvisionnements seront fluides et suffisants.
Je ne souhaite pas générer en plus du confinement, une INSATISFACTION et par respect pour tous les clients qui pouvaient attendre sagement leur tour 5-10-15 mn…
Economiquement le clientèle a été au rendez vous et je l’en REMERCIE sincèrement, c’est grâce à elle que je vis, que je gagne ma vie
Le temps n’est pas à la plainte car j’avais toujours à l’esprit le sort, subi, de certains commerçants Servonnais fermés et qui vont devoir se battre, s’adapter pour vivre, voire survivre
Mot de la fin : ce Coronavirus m’a fait réfléchir à l’essentiel de ma vie personnelle et professionnelle et a permis de mettre en avant beaucoup de générosité, de sympathie, d’entraide trop souvent dissimulées mais bien présentes
MERCI A VOUS TOUS