MJC EN DANGER / A.G.E + A.G.O,  Vie Associative

Lettre ouverte de quelques membres du C.A

Nous sommes membres du CA et du bureau de la Caravane MJC depuis plus ou moins longtemps. Nous y sommes arrivés par différents canaux, les uns grâce au bénévolat lors du Festival Vagabondages et cie et autres rendez-vous culturels, les autres pour avoir confier nos enfants aux animateurs et animatrices jeunesse, les autres encore pour avoir participer à des ateliers…

Nous sommes des servonnais qui souhaitons permettre aux habitants quelques soient les âges de se rencontrer, se réunir,  débattre, évoluer, partager, découvrir…

Nous sommes entrés au CA de la MJC parce que nous portons ou avons appris à porter des valeurs qui nous sont d’autant plus chères aujourd’hui qu’elles sont de plus en plus en danger dans nos sociétés : démocratie, droits culturels, liberté d’association et d’expression, éducation populaire…

Ces mots ne sont pas que des mots, ils sont porteurs de sens. Pour nous, la MJC, Maison des Jeunes et de la Culture, en est un des garants.

 

En intégrant le CA, nous avons adhéré au projet associatif de la MJC, certains même ici présents y ont contribué en travaillant à son écriture. Tout ce terreau immensément précieux est issu d’un travail de fourmis déployé depuis plus de 30 années à Servon et aux environs. Pour rappel, un projet associatif se réécrit tous les 4-5 ans, il est le fruit d’une longue réflexion  qui met en avant les valeurs citoyennes, philosophiques, républicaines  que l’association souhaitent travailler au cours des prochaines années. Ce n’est pas le programme des actions que la structure mettra en place à l’année en fonction des politiques des partenaires institutionnels mais c’est bien la ligne directrice adoptée, les objectifs, dans une vision de l’intérêt général.

 

Nous pensons que la municipalité n’a toujours pas compris notre projet associatif.

La décision de municipaliser l’animation jeunesse et dans le même temps d’amputer la MJC de ce qui fait son sens en est la preuve. La décision de nous imposer une convention, sans concertation préalable, en est une autre. Elle est la suite logique de ce que nous avons dû vivre ces 10 dernières années.

 

Car oui, depuis plus de 10 ans, nous en avons avalé des couleuvres : il a fallu renier une partie de nous, passer au dessus de malentendus ou incompréhensions, ignorer des bêtises affirmées ou faites par notre partenaire municipal, se plier à des décisions incohérentes, renoncer à une réelle médiation constructive, réinventer ou refonder une dynamique avant de rebondir. Alors que nous subissions une situation inacceptable, nous essayions continuellement de la subir au minimum, de la contourner et de passer à l’action en restant fidèles à notre projet associatif. Ainsi ces dernières années nous ont plutôt régulièrement poussés à continuer malgré les conditions dégradées dans lesquelles nous évoluions.

Si aujourd’hui il est question d’épuisement de notre part, c’est exclusivement de ces dysfonctionnements répétés qu’il provient, et absolument pas des richesses continuant d’émaner malgré tout de la mise en œuvre de notre projet associatif.

 

Or aujourd’hui, après toutes ces couleuvres, c’est un boa qu’on nous impose d’avaler : et bien non, l’indigestion est à son comble, nous savons que le boa ne passera pas …

Depuis un mois et demi, nous nous sentons profondément en colère en réponse à l’absence de disponibilité de notre partenaire politique et financier principal, à ouvrir un espace de confiance avec nous, contrairement à ce qu’il affiche a hue et a dia depuis bien des années. Oui, cette colère est issue de comportements bafouant l’initiative citoyenne émanant des habitants, atteignant désormais un seuil dépassant l’acceptable.

 

Aujourd’hui nous nous sentons profondément en colère en écho aux abus menés par la municipalité de Servon sur Vilaine et aux comportements mensongers se poursuivant malgré une affirmation haut et fort d’une volonté d’avancer main dans la main avec notre association. Cette colère se révèle immense étant donnés l’historique de nos relations, les efforts déployés pour tenter de remédier à ces difficultés cumulées et les intentions municipales de s’introduire délibérément au creux de notre projet associatif.

Depuis un mois et demi, nous nous sentons profondément tristes car régulièrement l’intérêt de notre projet associatif nous est confirmé et nous voyons déjà tous les projets envisagés partir en fumée. Oui, nous nous sentons tristes car l’espace de vivre ensemble authentique s’étiole déjà … Aujourd’hui notre tristesse jaillit face à l’immense gâchis engendré malgré nous vis-à-vis des différents emplois concernés, des servonnais porteurs de projets et d’espoirs, des besoins croissants de notre société actuelle de donner du sens et de la congruence à ces projets, …Depuis un mois et demi, nous nous sentons inquiets à l’idée  de voir bientôt Servon devenir une ville dortoir.

Mais aujourd’hui nous nous sentons aussi fiers au regard de tout ce que nous avons collectivement construit, tissé et laissé germer à travers le déploiement de notre projet associatif. Les multiples expressions de soutiens depuis un mois et demi nous portent au creux de cette tempête ; surtout, ils nous confirment la justesse des intentions de notre projet associatif.

Aujourd’hui nous, administrateurs de la Caravane MJC, affirmons que ce projet associatif perdra de son essentiel s’il y a signature de la convention votée en CM le 29 Juin dernier. Aujourd’hui nous refusons de signer un contrat non négocié, sur lequel nous pourrions peut-être espérer, que dans un second temps, des aménagements à la marge.

Le courrier du maire en date du 5 juillet, qui accompagne cette convention, parle de :

– co-construction : comment y croire quand à la fin du courrier on nous demande de signer quand même cette convention ?

– il parle d’éventuels avenants pour « des projets s’adressant à la jeunesse » sans en donner la teneur, nous y voyons, nous, de nouvelles contraintes… La jeunesse a besoin qu’on croit en elle, elle a besoin de réactivité, de souplesse, de compréhension, de confiance… De plus comment mettre en place des projets s’adressant à la jeunesse sans lien construit avec elle au quotidien ?

 

Aujourd’hui nous réaffirmons que notre projet associatif ne peut être découpé sans qu’une concertation au sein de notre assemblée d’adhérents ait eu lieu sereinement en préalable, non en seule réponse à une injonction municipale.

 

Nous voulons garder la dimension d’éducation populaire de notre projet associatif , garder la transversalité de nos actions, garder non seulement le J de MJC, mais également son M  avec la confirmation d’une volonté d’animation en réel 3ème lieu d’Ar Miltamm ; avec par conséquent une reprise importante, plus que dans les marges, de la charte de fonctionnement des espaces mutualisés.

Nous sommes prêts à remettre tout à plat et travailler ensemble sur  :

 – une méthode pré-définie de négociation pour convenir d’une nouvelle convention, avec en transition a minima un prolongement de la convention précaire actuelle,

 – un accompagnement vers un retour à des relations de confiance, avec notamment des échanges autour de nos différences (cultures, pédagogies, définition du partenariat, de la co-construction, confiance, …) et nos méthodes dans la confiance (relation équilibrée, non imposée par une des parties, où une certaine liberté d’action et de paroles. Pas un travail de surface, mais un réel travail de reprise aux racines.)

 – une relation de collaboration et de co-construction, et non de délégation unilatérale de services,

 – des délais transitoires suffisants et respectant nos divers engagements partenariaux (FR MJC, CAF 35, Comm’Comm,, …) pour nous permettre de peut-être reprendre notre projet associatif avec notre assemblée d’adhérents

 

Nous pensons qu’il est toujours possible d’entamer un réel partenariat, dans la discussion et le respect de l’histoire et du projet de la MJC, mais si la municipalité ne le souhaite pas,  nous serions contraints de renoncer à poursuivre la mise en œuvre de notre projet. Tout cela nous emmènerait, malgré nous, à prendre une décision déchirante, indirectement imposée délibérément par notre partenaire principal ; par conséquent nous ne pourrions aucunement porter la responsabilité directe et toutes les conséquences de cette décision.

 

Nous ne souhaitons pas, comme nous l’avions déjà décidé le 8 juin, signer la convention telle qu’elle nous est proposée.

 

Gwenaël Trépos, Co-Président

Charlotte Bondu, Membre du CA

Christian Laliat, Membre du CA

Sophie Mast, Trésorière et Membre du CA

Delphine Chauveau, co secrétaire membre du CA